Douze ans après les exactions perpétrées au stade du 28 septembre, les avocats des victimes estiment que tout est en place pour la tenue d’un procès en Guinée. Alors qu’ils envisageaient de faire appel à la CEDEAO, ils comptent donner un temps raisonnable à la junte militaire dont le discours leur semble plutôt rassurant depuis sa prise du pouvoir le 5 septembre dernier.
Maitre Amadou DS Bah membre de l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et coordinateur du collectif d’avocat des victimes, revient sur les acquis et les défis de ce processus entamé en 2010: « A date il ya plus de 450 personnes qui ont été accompagnées devant le pool de juges d’instruction. Il y’a eut au départ 13 inculpations de hauts responsables militaires de la junte d’alors y compris leur chef Moussa Dadis Camara en exil plus ou moins forcé à Ouagadougou. Aujourd’hui au niveau de la procédure, après l’ordonnance de renvoi, onze personnes sont présumés auteurs des crimes perpétrés au stade de Conakry et qui sont en attente de jugement depuis 2017 date à laquelle normalement le procès aurait dû être organisé. Malheureusement, le régime défunt avec tout le dilatoire qu’il a utilisé a été incapable de l’organiser. A cela s’ajoute le manque volonté politique qui a animé ce gouvernement pour empêcher les victimes d’avoir justice. Au niveau du collectif toutes les démarches ont été menées pour amener le gouvernement à organiser ce procès par ce que nous devons tous nous rendre compte que notre histoire politique depuis l’indépendance est marquée par des des crimes, des violations graves, massives et répétitives aux droits de l’homme ont été perpétrés. La singularité du 28 septembre c’est non seulement des crimes qui ont été commis mais ils ont été déclarés par les Nations-Unies comme étant crimes contre l’humanité non seulement par leur ampleur mais aussi par la méthode employée par les forces de défense et de sécurité et surtout le viol massif à ciel ouvert des femmes au stade. Aujourd’hui nous avons eut la possibilité de documenter. Dans le monde entier les crimes du 28 septembre sont connus et l’implication de la communauté internationale y compris la CPI a permis de mettre la Guinée face à ses responsabilités. Si le régime de monsieur Alpha Condé s’est effondré il y’a une lueur d’espoir avec les nouvelles autorités qui ont placé la justice au coeur de leurs engagements politiques pour changer la donne en Guinée. Depuis douze ans nous sommes à l’attente de ce procès. La junte a tous les moyens, toutes les facilités possibles pour organiser ce procès parce que de notre point de vu elle n’est ni de près ni de loin mêlé aux événements du 28 septembre. Tout porte a croire que le régime Alpha Condé a eut peut être des difficultés à juger certains responsables parce qu’ils étaient dans le gouvernement. Lors de la commémoration précédente nous nous étions dit que si en 2021 il n’y avait pas de procès nous étions déterminer à saisir la cour de la CEDEAO pour qu’elle fasse injonction au gouvernement Guinée pour la tenue du procès. Mais aujourd’hui nous avons l’obligation d’accorder un délais de quelques semaines à la junte puisque tout est prêt. Les renvois devant le tribunal sont devenus définitifs, la plupart des auteurs ou commanditaires sont en Guinée ainsi que les victimes et la salle de la cour d’appel retenue pour abriter le procès est disponible. Il n’y a plus d’obstacles juridique ou matériel.
Pour Maitre DS, l’organisation de ce procès pourrait être un signal fort non seulement pour les victimes du 28 septembre mais aussi pour celles des dix dernières années.
Hadjiratou BAH