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La mamaya est née il ya des décennies juste après la création des Sèdè par Alpha Kabinet à son retour de Timbo. La mamaya est de nos jours une danse qui a traversé les frontières guinéennes. Dansée lors d’événements sociaux (baptêmes, mariages,..) elle regroupe aussi une fois par an à Kankan ses ressortissants et autres étrangers pour célébrer la Tabaski et discuter des perspectives de développement de la localité. Cette grande cérémonie est gérée alternativement par 5 Sede pour un mandat de 5 ans (Sania, Dadia, Hermakono, Doudia et Diamanadia). A l’occasion de la première édition du Festival régional de Mamou (Festi-foire) organisé par Galaxie Prod, Sèdè Diamanadia numéro 4 à fait une prestation qui a coupé le souffle des spectateurs. La mamaya et ses contours, une interview réalisée par Hadjiratou Bah avec Bakari Kaba, président de la commission organisation et Mamadou Kaba vice président de la commission organisation etchargé de planification et projet.
– Qu’est ce que la Mamaya?
Mamadou Kaba: la mamaya est une danse traditionnelle accompagnée par le balafon, le tam-tam, la guitare et qui se danse de façon solennelle. Pour la petite histoire, Kankan est une cité islamique où la danse n’était pas autorisée. Mais vu la manière dont la mamaya se fait (les hommes et les femmes ne se mélangent pas en dansant) les sages l’ont finalement accepté car ils ont compris qu’elle ne porte pas atteinte à la pudeur. Cependant derrière cette danse se cache des projets de développement.
– A quel moment se danse la mamaya ?
Mamadou Kaba: l’événement phare c’est pendant la tabaski mais on la fait aussi pour accompagner un ami ou un membre du sèdè dans sa cérémonie de baptême ou mariage car c’est une danse récréative. Le choix de la fête de Tabaski n’est pas fortuit. C’est pour faire revenir à la base les natifs de la localité et les motiver à réaliser quelque chose chez eux
-Comment s’organise cette mamaya à travers le Sèdè?
Mamadou Kaba: il ya 5 sèdè.Tout d’abord le sèdè est un regroupement d’hommes et de femmes d’à peu près de même génération. Il ya Sania, Dandia, Hermakono, Doudia et Diamanadia qui viennent à tour de rôle à la place publique. Au départ avec nos aînés l’idée de projet n’était pas là c’est au fur et à mesure qu’il a été intégrée.
– Qu’est que ces différents sèdè apportent à Kankan en matière de développement public?
Bakari Kaba: Assez d’infrastructures. Par exemple la chambre froide de l’hôpital régional faite par Sèdè Doudia; il ya eut beaucoup d’écoles qui ont été construites. Nous même Sèdè Diamanadia avons réalisé plus d’une vingtaine de forages. le Sotikemo aussi explique aux Sèdè les préoccupations des populations que nous intégrons dans nos projets.
Mamadou Kaba: j’ajoute à cela la clôture du cimetière. Les sèdè ont à 90% réalisés la mosquée y compris des blocs latrines de plus de 12 cabines et une bibliothèque en cours de finalisation en son sein. Il y a aussi le portique ou s’est écrit bienvenu…..
– Combien de mandats est octroyé à un Sèdè?
Mamadou Kaba: dans un premier temps c’était deux ans, puis trois ans et maintenant cinq ans. Nous sommes à notre troisième année. Nous avons repris le flambeau après Sèdè Doudia et d’ici la fin de notre mandat la relève sera prête à être baptisée. Avant que les jeunes ne rentrent dans la place publique beaucoup de questions leurs sont posées sur leur motivation, leur moralité. Leur âge doit commencer à partir de 25 ans. Les sèdè sont composés d’hommes et de femmes de 25 à 45 ans.
– La mamaya s’apprent’elle à bas âge ou bien ya un coach pour les grands?
Mamadou Kaba: officiellement ya un maître (griots, membres des sèdè précédents) pour l’initiation. Mais vu que la mamaya est annuellement organisée sur la place publique, les enfants en profitent pour esquisser quelques pas de danse et commencer leur apprentissage.
– Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés?
Bakari Kaba: souvent certains font des promesses d’assistance qu’ils ne tiennent pas.
Mamadou Kaba: au sein même de notre organisation certains n’ont pas totalement conscience de valoriser ce patrimoine (mamaya) que nous avons et qui est beaucoup aimé au-delà de nos frontières. Exemple la mamaya de Paris est organisée chaque année. Les cotisations issues de cette cérémonie sont investis dans des projets de développement local. Cependant nos cotisations ne sont pas suffisantes par rapport à nos ambitions de développement. Les Kankanais plus nombreux mais dont le revenu n’est pas élevé comptent surtout sur Conakry (300 mille par personne) pour mobiliser les fonds mais aussi l’apport de nos ressortissants à l’étranger et celui des bonnes volontés.
Hadjiratou Bah