La guerre civile, en Libye, n’a pas empêché des écologistes de ce pays d’Afrique du Nord d’accorder un intérêt particulier aux tortues marines.
Tunis (dpa) – En Libye, livrée au chaos depuis 2011, un collectif de chercheurs et écologistes défie le conflit armé et poursuit des actions de conservation des tortues marines dans le cadre d’un programme ciblant cette espèce menacée. Lancé en 2005 et interrompu en 2011, le « Programme libyen pour la protection des tortues marines» (PLPTM) a repris ses activités, en 2017 jusqu’à 2019, sur des plages du littoral libyen qui s’étend sur 2000 kilomètres.
Ce programme est soutenu notamment par l’Autorité générale pour l’environnement en Libye, et « MAVA », Fondation suisse pour la conservation de la biodiversité. Il sera prolongé de deux ans, à partir de 2020, moyennant un nouveau financement de cette même Fondation, a déclaré à la dpa, Mokhtar Saied, coordinateur du programme.
Composé de 20 membres, le collectif de chercheurs et écologistes libyens sillonne les plages du pays, des fois pendant la nuit, pour découvrir les nids des tortues, étudier leurs caractéristiques génétiques et procéder à leur marquage par des bagues pour localiser leurs mouvements par satellites. Jusqu’à 2017, ce collectif a repéré 450 nids de tortues de mer sur des côtes libyennes, selon Mokhtar Saied.
Désormais, l’action du PLPTM est axée sur la protection des sites de ponte et de nidification des tortues. Ces sites sont considérés comme les plus denses en Méditerranée. « Certains ne s’attendraient pas à ce que la conservation de la nature soit à notre ordre du jour dans un pays en proie à une guerre civile. Mais, nous ne sommes pas découragés par ça. Au contraire, la nature est un refuge, une sorte de thérapie contre ces atrocités », a affirmé Mokhtar Saied.
« C’est grâce à notre amour pour cette activité de conservation de la biodiversité que le programme a continué », a-t-il dit. «En 2020, nous allons solliciter un financement plus important de la part de nos bailleurs de fonds pour aller plus loin et couvrir une plus grande partie des côtes libyennes. La conservation de cette espèce est un exploit pour nous défenseurs libyens de la biodiversité et aussi pour toute la région de la méditerranée », a indiqué cet écologiste convaincu.
Des tortues fidèles à leur plage natale
Les espèces de tortues de mer existantes, en Libye, sont la « Caouanne », connue sous le nom « Caretta Caretta » et la « Tortue d’Égypte » également appelée « Tortue de Kleinmann ». La plage de « Syrte » (Nord-Ouest) constitue l’un des plus importants sites de ponte de ces espèces.
Les tortues marines sont connues pour leur fidélité à leur plage natale. Elles y retournent pour la ponte. Elles déposent dans le sable entre 50 et 200 œufs, en fonction de leur espèce, souvent jusqu’à trois fois pendant une seule saison de ponte, selon le « Fonds mondial pour la nature » (WWF).
L’Autorité générale libyenne pour l’environnement, ainsi que les populations riveraines facilitent l’accès aux sites et aux plages d’études, s’est félicité Mokhtar Saied. L’association des populations aux activités et la sensibilisation des jeunes générations (écoliers…) a permis d’empêcher la détérioration des nids des tortues et le jet des déchets sur les plages.
Ainsi, les chercheurs ont pu mener à bien leurs travaux de recherches sur le nombre des mâles et des femelles des petites tortues, à la sortie de leurs nids, et prélever des échantillons de cellules souches pour la réalisation des études génétiques. Le plastique est la principale menace pour les tortues marines sur les plages libyennes, selon Mokhtar Saied. Des formations ont été organisées dans le cadre du PLPTM pour sensibiliser la population à la nécessité de lutter contre la pollution plastique.