Eco food dehydrator a été sélectionné comme « le meilleur projet environnemental au monde » dans la catégorie « terre » par l’édition 2021 du prix « Energy Globe ». Ancien élève de la faculté d’agriculture de l’université du Caire, Abdallah a répondu aux questions de la dpa.
En Afrique, les pertes post-récolte représentent des taux élevés de production agricole. Comment expliquer ce phénomène ?
En Afrique et aussi au Moyen-Orient, les agriculteurs, généralement des petits exploitants, n’ont pas les moyens financiers et logistiques pour conserver au froid les fruits et légumes récoltés, ou les écouler rapidement sur les marchés situés dans des milieux urbains éloignés. Exposés à des températures élevées, ces produits dont la teneur en humidité est forte, ne peuvent pas attendre et doivent être rapidement commercialisés, transformés, ou conservés au froid, sinon ils périssent et finissent dans les poubelles.
Les coûts élevés du transport et de la conservation, dépassant parfois la valeur marchande de la récolte, poussent les agriculteurs à jeter une partie de leur production ou à l’utiliser comme fourrage pour le bétail.
Pourtant, l’Afrique est touchée de plein fouet par l’insécurité alimentaire et consacre des milliards pour importer de denrées alimentaires ?
L’Égypte, par exemple, perd annuellement environ 4 millions de tonnes de sa récolte de tomate, selon des estimations scientifiques. Pour produire cette quantité, les agriculteurs exploitent une superficie de terre de 80 000 hectares et utilisent 306 millions de mètres cubes d’eau, sans compter les autres intrants agricoles. Tout cela coûte à l’économie égyptienne près de 449 millions de dollars par an. En plus, la décomposition de cette énorme quantité de tomate est responsable de l’émission de 4,5 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2, le gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique planétaire, ndlr).
Quelle différence entre Eco food dehydrator, les déshydrateurs industriels existants, et le séchage solaire traditionnel ?
L’Eco food dehydrator est le fruit d’environ 20 ans de recherche et d’expériences dans le domaine du séchage des fruits et légumes. Cet appareil, compact, portable et économe en électricité, peut fonctionner à l’énergie solaire, ce qui le rend adapté aux besoins des agriculteurs égyptiens et africains. Il utilise une technologie innovante permettant de réduire considérablement le temps nécessaire au séchage des fruits et légumes. Grâce à cette technologie, ces aliments, même déshydratés, gardent leurs couleurs et leur valeur nutritive.
Contrairement aux autres déshydrateurs industriels, les Eco food déshydratons permettent aux utilisateurs de contrôler le processus de déshydratation pour éviter un séchage excessif des légumes et fruits. L’idée est de réduire leur teneur en humidité de 95 pour cent à seulement sept pour cent, afin d’inhiber les activités microbiennes responsables de la pourriture de ces aliments. Concernant la méthode de séchage solaire traditionnelle, elle est coûteuse. Elle requiert un grand espace et plus de temps, jusqu’à deux semaines pour le séchage des tomates par exemple.
Une fois séchées, ces tomates doivent être stérilisées à l’eau chaude et au sel, ce qui entraîne une perte de leur couleur et de leur valeur nutritive. Par la suite, ce produit doit être conservé au froid. La méthode traditionnelle pose aussi un problème d’hygiène, puisque dans les séchoirs solaires en plein air, les légumes et fruits sont exposés à la pollution, aux insectes et aux rongeurs.
Par contre, l’Eco food dehydrator permet de sécher des tomates durant huit heures seulement, dans de bonnes conditions d’hygiène, et sans ajout de conservateurs chimiques. On peut transformer 20 tonnes de tomates fraîches en une tonne de poudre de sauce tomate. Nos produits peuvent être stockés pendant plusieurs mois sans avoir besoin d’être conservés au froid. Vendu hors saison, un kilo de poudre de sauce tomate coûte 30 fois plus cher qu’un kilo de tomate fraîche, récolté en pleine saison.
Envisagez-vous de commercialiser ces appareils en dehors de l’Égypte ?
Nous avons reçu de nombreuses demandes d’exportation vers des pays africains et arabes où les taux des pertes post-récolte sont élevés, mais nous n’avons pas les moyens financiers pour produire une grande quantité de ces appareils qui sont disponibles en trois formats : petit, moyen et grands. Nous espérons que cette invention sera adoptée par un pays africain ou arabe ou par une agence de coopération internationale. Le séchage des fruits et légumes est le moyen le plus rapide et le plus économique pour réduire les pertes post-récolte et accroître la sécurité alimentaire en Afrique. Il permettra de créer des emplois et de générer des revenus surtout pour les jeunes et les femmes.
source: dpa.news