« En RDC, l’apiculture demeure dévalorisée et méprisée. Elle est réservée aux vieillards et personnes illettrées appelés souvent sorciers. Pourtant, il s’avère que cette filière est garante de la sécurité alimentaire dans la mesure où les abeilles contribuent à la pollinisation de plus de 80 pour cent des plantes. Sans ces insectes, la production alimentaire serait impossible », indique Deborah dans un entretien accordé à la dpa. « De plus, ce secteur peut être une véritable opportunité pour les jeunes de mon village en matière d’employabilité. Au lieu de rejoindre les groupes armés, ils peuvent se lancer dans l’apiculture », ajoute-t-elle.
« Par la nature et pour la nature »
Parallèlement à ses activités, Deborah offre des formations en techniques apicoles modernes afin d’améliorer le rendement des éleveurs et de partager les bonnes pratiques nécessaires au développement d’une filière durable, à la fois respectueuse de la biodiversité et résiliente aux changements climatiques. « La majorité des apiculteurs utilisent encore des techniques rudimentaires. Pour cela, nous œuvrons à aider plus de 650 éleveurs à produire un miel de qualité sans pour autant nuire aux abeilles, tout en les motivant malgré les conflits armés qui caractérisent cette partie de l’est de la RDC », renseigne la trentenaire.
Toujours dans le souci de produire un miel « par la nature et pour la nature », la Congolaise vient de lancer une application digitale dont l’objectif est de diffuser les bonnes pratiques apicoles auprès des éleveurs. Baptisée « Nyuki Tech », qui signifie « abeille », en langue swahili, cette application permet à ses utilisateurs de s’informer notamment sur les conditions météorologiques et les risques liés à l’effondrement des colonies d’abeilles. Elle leur offre aussi la possibilité de vendre plus facilement leurs produits apicoles, en les mettant en relation directement avec les consommateurs.
Avec son entreprise qui génère onze emplois directs et 19 indirects, Deborah est résolue à numériser la filière, en rendant les données et les produits apicoles accessibles à tous. La jeune femme se réjouit aujourd’hui que ces produits soient appréciés par les consommateurs et présents dans les supermarchés et boutiques des villes de Goma, Kinshasa et Bukavu. « Nous souhaitons faire de notre entreprise un leader de la production et de la commercialisation des produits de la ruche. Nous espérons contribuer à asseoir une filière apicole moderne et résiliente d’ici 2030 », souligne-t-elle.
Source: dpa.news